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Dernière de date de mise à jour : 20/01/2010
Le haras de florys, le meilleur sinon rien
Je suis heureux de vous accueillir sur le site Internet du Haras de Florys. Ce dernier est en cours de construction et va progressivement s’enrichir dans les prochains mois (ou prochaines années ! ) d’informations traditionnelles : poulinières, étalons, produits, palmarès, mais aussi de documents qui viendront étayer ma vision de l’élevage d’une manière moins conventionnelle et également retranscrire l’histoire, heureuse ou malheureuse, des poneys célèbres de l’élevage.
Publicité du Haras parue dans l’Annuaire de Monneron 2007
(site Internet de l’Annuaire du Monneron) :
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Publicité du Haras parue dans l’Annuaire de Monneron 2008 :
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A mon image
J’ai toujours considéré qu’un élevage de chevaux ou de poneys est fortement empreint de la personnalité de son auteur. En tout cas, j’ai souhaité créer un élevage qui me ressemble : j’ai toujours milité pour l’excellence et le dépassement de soi.
Je suis un éternel insatisfait. Aucune de mes poulinières ne me contente pleinement, même si je les ai choisies parce qu’elles présentaient davantage d’atouts que la majorité de leurs congénères. Aucun étalon de ma connaissance en Europe n’incarne à mes yeux la perfection ni même ne s’en approche suffisamment à mon goût – mais je suis sûr qu’il en existera un jour, comme il en a déjà existé en Allemagne. Car je pense que ma grande force, outre mon esprit critique et ma recherche permanente de l’élitisme, est la sévérité de mes jugements sur mes propres poneys. Exit l’amour aveugle pour ses poulains, exit un a priori positif ou une opinion incapable d’une totale objectivité. C’est le seul moyen d’avancer, l’autosatisfaction ne sert à rien.
Cette froideur de jugement et ma recherche insatiable de toujours plus de qualité ne m’empêchent pas de m’enthousiasmer pour la qualité de saut en liberté d’un jeune poney, la compétitivité en parcours d’un sujet confirmé, la production d’un étalon ou la « présence » d’une poulinière. Le contraire serait d’ailleurs bien triste.
Un sacerdoce
Pour mon élevage, je veux tout, mais je n’attends rien. Rien n’est impossible : je rêvais que ma vie d’éleveur m’offre un jour la chance de voir l’un de mes poneys, pourquoi pas un étalon, participer un jour aux championnats d’Europe ; or le rêve s’est réalisé incroyablement plus vite que je ne l’aurais pensé pour l’un des premiers poneys nés chez moi, étalon approuvé de surcroît – et aurait d’ailleurs dû concerner également son frère utérin né un an avant lui.
D’autres plus jeunes montrent un potentiel au moins équivalent et Jimmerdor de Florys, médaillé de bronze par équipe en 2006, ne sera sans doute pas le seul à répondre ainsi à mes attentes. Alors, mon objectif s’est rehaussé : il était d’avoir un jour deux poneys dans les équipes de France…pourquoi pas la même année et, soyons fous, de produire « un podium européen individuel ». Depuis les championnats d’Europe d’Avenches, en juillet 2008, où j’avais l’honneur de compter deux étalons dans les équipes de France, Jimmerdor et Mon Nantano de Florys, lequel a ramené avec sa talentueuse cavalière Chloé Deschamps une médaille d’argent en individuel en Concours complet, j’ai dû à nouveau pousser la barre plus haut : je souhaite maintenant produire un jour un poney médaillé individuel en CSO – j’ai la chance d’avoir théoriquement de longues années devant moi pour tenter d’y parvenir.
Cependant, je ne veux compter sur rien car rien n’est plus ingrat que d’élever : le croisement de vos rêves n’a jamais pu se réaliser parce que la jument n’a jamais pris en IAC de l’étalon qui lui convenait si bien ; la plus belle pouliche que vous ayez jamais fait naître est morte chez l’étalonnier chez qui vous aviez conduit sa mère ; la jeune poulinière si prometteuse, propre sœur d’un des meilleurs étalons d’Europe, a perdu la vie par perforation à l’échographie qui devait confirmer son ovulation à la suite de son insémination avec des paillettes de Voltaire ; votre meilleure poulinière, celle que vous saviez absolument irremplaçable, celle que vous ne deviez perdre à aucun prix, est morte bêtement au poulinage sans laisser de fille, en tout cas à sa hauteur.
L’élevage vous oblige aussi à l’humilité : vous êtes aujourd’hui sous les feux de la rampe, mais que vous réserve demain ? Des espoirs qui n’aboutissent soudainement plus ? Des résultats tout d’un coup décevants ? Une relégation à l’oubli ? En cette matière, ce qui compte, c’est de persévérer et de durer. Mais l’élevage, c’est aussi la joie de découvrir que tel poulain a pris le brio de son père, que tel yearling saute en liberté avec ce respect inouï des barres que la mère a systématiquement transmis à sa production quel que soit le père, que tel étalon performer né chez vous ne cesse de confirmer sortie après sortie… L’élevage, c’est génial. C’est une insatiable recherche, une création année après année, un travail d’artiste, un pari sur l’avenir, la capacité à imaginer des croisements originaux et réfléchis, longtemps et incessamment réfléchis et sans cesse remis en cause jusqu’à la décision finale, qui est souvent une prise de risque, pour faire naître toujours meilleur et si possible toujours plus beau.
L’élevage, surtout dans le monde du cheval duquel l’éleveur de poney ne doit pas se couper, c’est aussi des rencontres passionnantes, des échanges de points de vue, le partage et la défense de convictions, la découverte d’autres cultures, façons de faire et de concevoir qui vous ouvrent l’esprit, en prenant garde qu’elles ne vous fassent pas dévier de la ligne de conduite que vous vous êtes fixée.
Mon fragile équilibre
Mon élevage, c’est un peu un excès, fragilisant et consolidant à la fois un équilibre personnel difficile à atteindre, entre famille, métier et activités extra-professionnelles. L’organisation et la gestion du temps au cordeau qu’il m’impose me rendent en effet vulnérable en même temps qu’ils me fortifient. Il fait partie de mes raisons de vivre et est une nécessaire compensation à mes états d’âme et mes tourments psychologiques. Mon élevage, c’est ma folie, ma passion, au sens étymologique du terme. C’est aussi une des raisons pour lesquelles je ne le fais pas visiter : c’est mon chez moi, mon jardin secret, mon intimité. C’est peut-être aussi pourquoi je vends très peu mes poneys. Je les ai surtout confiés jusqu’à présent, jusqu’à ce que la logique financière d’un certain mode de fonctionnement me pousse à louer les sportifs prêts pour les belles épreuves. J’ai commencé très jeune à partir de rien, avec rien, en n’ayant rien – hormis mes parents toujours présents pour m’entourer (mais sans aide financière) et des prés que mon grand-père paternel a mis à ma disposition sur les terres familiales (cf. la rubrique « Biographie »).
Le croisement à tout prix
Pour mon élevage, je n’ai jamais été attiré par les races pures. Je reconnais que le New-Forest, néerlandais cela va s’en dire, constitue une bonne base, que le Welsh, et notamment le petit Mountain avec ses proportions remarquables et son rapport quasi unique force / sang et os / élégance, est le meilleur poney de croisement du monde, mais, quoique souvent qualiteux, il n’est pas sélectionné pour le CSO et il faut trop trier pour tomber sur le bon sujet qui pourra s’avérer être la perle rare. Le Connemara arrive sans conteste à la fin. Bien entendu, il a ses exceptions, mais cette race aux sujets majoritairement gris ou isabelle, froids, manquant de chic, de légèreté, ne m’a jamais fait envie. Il ne correspond décidément pas à ce que je recherche pour l’équitation sportive des enfants. Ce que j’énonce ici représente évidemment des généralités et il existe bien entendu de nombreuses exceptions. Si Dexter Leam Pondi était plus trempé, avec la locomotion de certains de ses frères, un caractère plus conciliant, et avait un type plus dans le sang, avec une robe noire et qu’il arrondissait davantage son dos dans ses sauts, je crois qu’il serait pour moi l’étalon idéal ! Les deux seules ponettes Connemara que j’aie eues à la maison sont Ever de Garenne (par Ashfield Aengus et Antilope du Ruère par Island Earl et Ganty Della par Carna Bobby), achetée à six mois pour sa souche maternelle (celle notamment d’Ira de Garenne,
Ira de garenne |
médaille de bronze par équipe aux championnats d’Europe de Copenhague en 1982 avec Alexandra Ledermann), que j’ai revendue après avoir eu une femelle d’elle par Hand In Glove (qui m’a elle-même donné deux mâles, deux étalons approuvés : Mon Nantano de Florys et Never de Glove de Florys, (vice-champion 2007 des 6 ans D) ; ainsi que la ponette de ma grande amie Elisabeth de Linarès, Upsy Daisy (par Boden Park Joey et Jacinte de l’Aulne par Clonkeehan Auratum) – d’où l’étalon Français de Selle performer en D1 Elite Galienny d’Haryns, son propre frère le vice-chamion des 6 ans D Henny Joe d’Haryns, et Iolisca d’Haryns (la mère de Najisco) qui sont tous les trois nés à la maison pour notre compte à tous les deux.
Des rencontres humaines
Elisabeth est la seule personne en France avec laquelle je partage ma vision de l’élevage de poneys, ou plutôt ma façon de juger les poneys, et qui nourrit régulièrement ma réflexion. Nos discussions sont interminables, nos échanges passionnés, et je l’apprécie beaucoup ! Elle m’a rejoint à l’Eperon il y a maintenant quelques années, au départ pour m’appuyer sur le rédactionnel poney, et a ensuite saisi l’occasion de s’intéresser également puis surtout aux sujets chevaux. Nos avis ne sont pas toujours identiques, ce qui manquerait beaucoup d’intérêt, mais nous nous rejoignons sur bien des plans. Nous partageons aussi d’autres choses que notre passion du poney, même si celle-ci masque souvent les autres pans de notre vie que notre éloignement et nos deux agendas chargés ne permettent pas de réunir très souvent.
Comment, sur ce sujet, ne pas évoquer ma voisine et amie Geneviève Matthews, avec son époux Chris jusqu’à ce que ce dernier succombe tristement à la maladie l’été 2009, qui veille sur mes poneys en mon absence et les connaît presqu’aussi bien que moi, les voit grandir en face de chez elle et suit leur carrière sportive avec émotion ?
Il y a aussi des rencontres que je n’ai pas eu l’occasion de faire ! Une parmi celles-là aurait, je le pressens, revêtu beaucoup d’intérêt : celle avec le père du Poney de Selle Allemand de dressage, Hans-Georg Bönniger – dont l’élevage « B » a donné les meilleurs étalons de la discipline reine outre-Rhin (Derano Gold, Derano B, Golden Dancer, Dornick B…) et dont quelques souches ont servi l’élevage de Josef Wilbers (l’élevage FS d’où FS Don’t Worry, FS Golden Moonlight, FS Champion de Luxe…), une des plus grandes réussites germaniques actuelles. Je pense que Monsieur Bönniger était un homme de cheval à part, comme son élevage. Si ce dernier a été repris par son gendre Ludwig Stassen, sa seule fille spirituelle Trudi Bjorling, avec laquelle j’ai eu l’occasion, il y a plusieurs années, d’échanger par mail, vit aujourd’hui en Suède. Evidemment, mes correspondants, amis, contacts, informateurs dans nombre de pays d’Europe me permettent de garder l’esprit continuellement alerte, ouvert et à l’écoute et m’empêchent de me renfermer sur ma réussite.
Mon élevage, ma folie
Mon élevage, aussi petit soit-il (je fais naître parfois deux, souvent trois, rarement quatre, très exceptionnellement cinq poulains par an), c’est ma folie. J’adore les poneys, l’élevage et la sélection, je les aime d’un amour douloureux et c’est pourquoi j’arrêterai peut-être un jour d’élever, peut-être demain, peut-être à ma mort, peut-être jamais…
Il est une preuve que j’existe, un prolongement de moi, un cri au secours, une bouée jetée à la mer et à laquelle je m’accroche.
Venez donc participer à mon sauvetage !
Guillaume LEVESQUE