L’histoire de l’élevage
Tout a commencé par Tatiana du Clos, ma toute première ponette, une C baie brune que j’ai achetée lorsque j’avais 13 ans, 3 800 FF à 6 mois, en payant 1 800 FF, mes parents m’ayant offert le complément. C’était une Français de Selle par Nudéno du Hardrais et de mère OI/ITI PFS qui a été élevée chez mes grands-parents près de Nantes avec leurs Shetlands Katia et Toupie. Je l’ai débourrée, dressée et sortie, lorsqu’elle a eu 4 ou 5 ans, sur trois CSO d’entraînement (deux classements : 1er et 3ème).
Elle m’a donné beaucoup de fil à retordre d’abord parce qu’elle avait, comme son père, l’encolure à l’envers et ensuite parce qu’elle était très jument, chatouilleuse et susceptible : peu de personnes de mon entourage auront été épargnées par ses dents et/ou ses postérieurs ! Néanmoins, elle a occupé nombre de mes rêves nocturnes et diurnes et m’a introduit dans le monde de la compétition poney lorsque j’ai décidé de la confier d’abord à un jeune cavalier de complet de Yvan Scherrer à Avon (77) puis ensuite et surtout à Mélanie Bonneau avec laquelle elle fera plusieurs championnats en CSO C2 et C1. Ce sont donc les Bonneau, André et surtout sa très regrettée épouse Marie-Ange, qui m’ont initié au circuit de la compétition poney.
Une première association avec Jacques Rabillard : la génération des « G » de Kernevy
En 1990, nous avons décidé, ma sœur et moi, grâce à un emprunt bancaire d’environ 6 000 FF, d’acheter Bacman (par Queenly of Ravary, Co et Kel Est Belle, par Loulou) – IPO 149 ( 01) – ,
Bacman |
un poney Français de Selle mâle isabelle que j’avais ramené d’une promenade sur Tatiana : il s’était échappé de son pré et avait suivi ma jument tout le long du trotting jusqu’à la maison ! C’est ainsi que j’ai fait la rencontre de l’oncle du naisseur qui élevait lui aussi un peu : Jacques Rabillard. Il avait une très très belle poulinière Français de Selle, Pitchoune (par F’ Secateur de Floriège et la même Kel Est Belle), sacrée vice-championne de France des pouliches Français de Selle de deux ans, ainsi qu’une de ses filles par Rhon Lyndon, la superbe Bertille Kernevy. J’ai travaillé cette pouliche à 2 ans, l’ai débourrée à 3 ans et nous l’avons confiée elle aussi à Mélanie Bonneau avec laquelle elle remportera le titre de championne des 6 ans D à Fontainebleau.
Bertille Kernevy |
Nous avons décidé, Jacques et moi, de nous associer pour élever ensemble. Cela n’a cependant pas duré longtemps. Mais entre temps, nous aurons élevé ensemble, entre autres, Eurystos de Cossé (un fils de Ramses Desanghoues et de Jongleuse de Cossé par Loulou),
Eurystos de Cossé |
approuvé étalon puis vendu ensuite aux Haras nationaux, ainsi qu’Ever de Garenne, achetée également par moi au sevrage à Michel Nemes et que je ferai saillir à trois ans par Hand In Glove, croisement qui me donnera Ira Glove de Florys d’où Mon Nantano de Florys SL et Never Glove de Florys.
Ira Glove de Florys |
Entre temps, Elisabeth nous aura également confié la première ponette de concours de son fils Upsy Daisy qui nous donnera l’étalon Galienny d’Haryns dont Jacques s’est particulièrement occupé à la naissance. Galienny était un fils de l’anglo Jalienny et à l’époque où les Haras nationaux étaient encore tout puissants et où les croisements entre poneys et chevaux n’étaient pas du tout répandus, nous avons dû nous battre Elisabeth et moi, à grands renforts de courriers, pour décrocher une carte de cet étalon pour une ponette… Entre temps également, je ne sais plus vraiment pourquoi, j’ai acheté une ponette de petite taille D, Océane de Jaillet (par F’Secateur de Floriège et la belle Ketty Mayennaise par Loulou)
Océane de Jaillet |
que j’ai fait saillir une fois, par l’anglo-arabe Faritchou, croisement qui m’a donné un bon et beau poney D, Garoutchy Kernevy, que j’ai offert à ma sœur et qu’elle montait régulièrement au Mans jusqu’à son déménagement à Amsterdam.
Garoutchy Kernevy |
Pitchoune, elle, poulinait cette année-là de Geminy Kernevy (I des Cartes) que Jacques a gardée et qu’il a par la suite vendue.
Quant à Cameline, elle a donné naissance à Gunixy Kernevy (Dunixi, Ar).
Cameline |
Entre temps enfin, j’avais acheté ma très chère Nickie : j’étais étudiant, n’avais pas un sou et je repérais un ou deux poneys par an aux bonnes origines que j’achetais peu cher et que j’arrivais à revendre bien, pour dégager de la marge afin de faire vivre les quelques poneys de l’élevage et procéder à quelques acquisitions bien négociées comme celle-ci. Je me souviens très bien de ma visite chez son éleveur et propriétaire breton à Plérin près de Guingamp, François André.
Ma première poulinière : Nickie II
J’étais en admiration devant le célèbre crack Mon Désir A (hongre isabelle par le Connemara Dick), un petit poney C magnifique qu’avait monté Caroline Nicolas et qui avait accumulé des performances extraordinaires en CSO C1, D1, GP et CSIP : c’était pour moi le meilleur poney que l’élevage français eût jamais fait naître.
Mon Désir A |
J’ai découvert sur Harasire qu’il avait une sœur utérine poulinière, par un autre étalon, Islam Sparrow Kim – un Connemara au moins aussi intéressant que le père de Mon Désir. J’étais à la Grande Semaine de l’Elevage et j’ai demandé à ma tante qui m’hébergeait à Fontainebleau de me prêter sa voiture (une Audi) pour aller en Bretagne. C’était en 1993, j’avais 20 ans et c’était pour moi formidable de faire un aller et retour dans la journée dans une si belle voiture, en partant à l’aube pour revenir tard le soir, une cassette de chansons italiennes jouée en boucle à tue-tête qui me rappellent encore aujourd’hui cette virée. J’ai fait la connaissance de Monsieur André, l’ancien propriétaire du poney-Club de Plérin, à la retraite, et fait la rencontre de Nickie : j’ai la vidéo immortalisant ce moment. La ponette était moins belle que Mon Désir (dont il aurait été fantastique de profiter comme étalon…), mais bourrée de sang (inattrapable évidemment), à la locomotion très énergique et ample et très expressive. J’ai décidé de l’acheter et l’affaire s’est conclue (6 500 FF je crois). J’en ai profité pour jeter un coup d’œil sur sa fille de deux ans, Dolie, qui n’était pas à vendre ou trop cher pour moi (mais que je rachèterai plus tard à son propriétaire d’après) et pour faire un détour pour rencontrer chez un voisin son autre fille, Sabrina IV (que je rachèterai aussi plus tard, mais que je ne ferai saillir que trois fois)…à moins que je ne sois allé voir Sabrina à une autre occasion – je ne sais plus. Je suis rentré le soir à Fontainebleau la tête pleine de rêves et me rappelle m’être fait reprocher le lendemain matin par ma tante de n’avoir pas refait le plein d’essence (je n’avais pas trouvé de pompe ouverte à la fin de mon périple… ce qui avait bien arrangé mon pauvre porte-monnaie ! ). Plus tard, lorsque Nickie est arrivée chez moi et que je l’ai testée à la longe (là encore, j’ai une vidéo de ce moment), j’ai pu réaliser où mon flair m’avait conduit : la ponette avait le même génie que son illustre frère – malgré ses 15 ans, elle était tout bonnement remarquable sur les barres.
Une association qui finira en mariage
J’ai alors rencontré ma future épouse Valérie qui élevait également des Poneys Français de Selle, en Mayenne (élevage d’Arby). Elle possédait notamment la magnifique Clem’s Own d’Arby (par Selim de Siam et Veronese A, *AA* par Dunamis, *AA*). Sur mes conseils, elle a progressivement fait le ménage dans ses poulinières et a alors acheté la belle et bonne Jongleuse de Cossé, la meilleure et dernière poulinière d’un des pères du Poney Français de Selle de la Mayenne, Jules Leroyer. Nous avions conseillé à ce dernier d’adresser Jongleuse à Vodka du Theil et Valérie l’a acquise pleine de cet étalon : elle donna naissance l’année d’après à une su-per-be pouliche alezane, Habanita La Claie, qui révéla des moyens à l’obstacle assez spectaculaires…et que Valérie vendit pour faire du dressage. Cette année, Upsy Daisy poulinait, quant à elle, chez mes parents dans le Morbihan, du propre frère de Galienny, Hennye Joe d’Haryns. Clem’s Own d’Arby, de son côté, était mère pour la première fois, d’une pouliche baie issue de la première vraie génération des Thunder du Blin, qui s’est enfin décidée à téter à une heure et demie du matin : Halfpastone d’Arby.
Halpastone d’Arby |
Nickie II
Nickie, elle, donna naissance à Hach’Desir de Florys (par le Welsh B Rotherwood Ambassador),
Hach Desir de Florys |
la toute première à porter l’affixe que mon épouse et moi avions choisi (c’était le nom d’un Shetland que ma femme montait enfant à la campagne et dont la sonorité nous plaisait beaucoup à tel point que nous l’avons donné, sous une orthographe différente, en prénom à notre seconde fille). L’idée était d’obtenir une jolie pouliche de petite taille pour remplacer un jour sa mère au haras (si la pouliche se révéla belle comme aucun autre poulain de Nickie, je la jugeai en revanche insuffisante sur les barres et après de bons résultats en complet, elle fut vendue pour le concours). Nous avons alors décidé d’adresser Nickie à Galoubet : nous l’avons donc conduite, suitée d’Hach’Désir, à Gênes Diffusion qui inséminait les juments par la semence du célèbre fils d’Almé (stationné aux Etats-Unis), acheminée par avion de New-York à Roissy puis en voiture jusqu’à Douai. Nickie a heureusement rempli du premier coup ! Je me rappelle que mes finances d’étudiant étaient décidément très tendues à l’époque, et malgré le geste généreux de Jean-François Pellegrin, j’ai dû emprunter de l’argent pour payer la saillie. Ialoubet est né. C’était donc, en 1996, le premier poney de taille D né Florys… et le meilleur jusqu’à ce jour. Le Haras de Florys est donc un élevage très jeune, d’autant plus que pendant plusieurs années, il n’a compté qu’une ou deux naissances par an (ce qui sera le cas à nouveau en 2008 où un seul poulain D est né).
Nickie II | Nickie et Ialoubet |
Un partenariat avorté avec Elisabeth de Linarès
A ce stade-là, une fois encore, une association a été envisagée, mais alors entre Elisabeth, qui avait désormais sa ferme dans l’Orne, ma femme et moi. Certains de mes 1 an ont ainsi passé quelques temps chez Elisabeth. Mais le projet durera à peine quelques mois et chacun a continué sa route de son côté. J’ai gardé Galienny, Elisabeth, Hennye Joe et nous nous sommes arrangés pour Iolisca d’Haryns (Olisco, Sf), la dernière d’Upsy à être née à la maison et de laquelle j’ai toujours droit à une pouliche. Il en sera de même quelques temps après entre ma femme et moi (pour ce qui concerne l’élevage ! ), jusqu’à ce que Valérie décide en 2002 d’arrêter tout bonnement d’élever. D’autres poulinières sont venues en Mayenne où nous habitions, achetées par ma femme : citons par exemple la belle Welsh B noire Perle du Verouet (par Epona Candy et Foist Bon-Bon) et la fantastique ponette de course Fleurette de Moulin (par l’excellent Chaton).
Nadiacha
Nadiacha avait toujours hanté Valérie : c’était une fille C du fabuleux arabe Dancing Duke et elle avait été une remarquable gagnante, notamment championne de France C à Fontainebleau en 1985 à l’âge de 6 ans ! Valérie avait elle-même utilisé Dancing Duke à plusieurs reprises puisqu’il avait produit en une seule génération, parmi d’autres, les vedettes Nablirka, Nyasta du Hardrais et son poney Nez Blanc qui sautait lui aussi de manière hors du commun. Nadiacha avait en outre du modèle et une robe grise complètement truitée à la Kalem qui séduisait mon épouse particulièrement. Le dernier propriétaire la vendait. Nous sommes allés la voir dans la région de Bordeaux : elle était suitée d’une fort belle pouliche alezane, Joga de Prat, de l’Anglo-arabe Derby d’Oc.
Joga de Prat |
Nous avons acheté les deux, plus un fort joli foal mâle du même père que la pouliche et de Vien Bien, une gagnante en D1 Elite, qui sera plus tard approuvé étalon : Joutabe de Prat (exporté en Belgique par la suite).
Nous avons fait saillir Nadiacha l’année suivante par l’Anglo-arabe Jalienny d’où le très bel étalon performer en Grand Prix Lennicha de Florys et les deux années suivantes par l’Anglo-arabe Peeping Tom A que nous avions à la maison d’où Meeping Cha de Florys SL et Nadiacha de Florys. Je ferai saillir Joga de Prat à 3 ans par Naughty van Graaf Janshof et obtiendrai de ce croisement la très bonne Naughtie La Claie (très impressionnante à la longe à l’obstacle) : je vendrai plus tard mère et fille.
Naughtie La Claie |
Les années des M et des N seront, de fait, les plus abondantes et ça finissait par faire trop. En effet, parfois, pour me faire plaisir, je faisais saillir une poulinière d’un éleveur qui m’intéressait particulièrement ou bien une ponette de passage chez moi ou encore une pouliche de 2 ou 3 ans pour tenter un croisement, ce qui m’a de temps en temps surchargé. Sont ainsi nés, parmi d’autres, l’étalon performer Hennyblue La Claie (par Jalienny, Aa et Stonblue des Pins, Nf par Nigthingle des Ifs), la ponette de D1 Harmony La Claie (par Forban de Ravary, Co et Erika du Gué / La Claie, une trotteuse jumelle saillie à 2 ans et qui me donnera elle-même le courageux Lientos La Claie par Ialoubet),
Lientos la Claie |
la ponette de C1 Irapsody La Claie (par Eurystos de Cossé et Olympe Bonnetie par Ernford Scorpion), la célèbre ponette de horse-ball Italique La Claie (par Brenneville, Ps et Erika Mahoud, Pfs par Adoro Al Maury, Ar et Fleurette de Moulin), la bonne ponette de C1 Koghi La Claie (par Kalem et Hautesse Of Britain, une propre sœur de l’étalon Welsh A Gary Ofbritain), l’étalon performer Montot Nabor La Claie de Florys (par Nabor et Idalia du Py par Le Tot de Semilly, Sf), le gagnant Ovolteristo de Florys (par Voltaire, Han et Tanaise par Merlin du Verouet, Wb),
Ovolteristo de Florys |
Tanaise |
le styliste étalon performer en D1 Micky de Florys (par Jalienny, Aa et Quellye, Po par Fudge du Galion, Nf), la jeune Rosira de Florys (par Rosire, Sf et Quellye, Po par Fudge du Galion, Nf), Nice and Easy Ferme (par Teake It Easy et Polka du Montmain, la mère de Caline de la Ferme) et le foal Tweençy Own d’Arby (par Dexter Leam Pondi et Queençy Own d’Arby par Kantje’s Ronaldo SL, Nf).
Le véritable démarrage du Haras de Florys
Après Nickie qui me donnera, après Ialoubet, Jimmerdor de Florys de la naissance duquel elle ne se remettra pas, Why Not, arrivée à l’élevage à l’automne 1997, a constitué ma seconde souche.
J’étais très fière d’avoir chez moi une très grande gagnante internationale, jolie, plein papier de surcroit, ce qui était rare, et fille du plus grand performer international de l’époque, Shining Starr Aristo : bref, des références inégalables. Puis, je suis allée chercher aux Pays-Bas Kooihuster Teakje, la propre sœur de Teake It Easy SL, que je n’ai finalement pas gardée car elle ne m’a pas suffisamment convaincu sur les barres à la longe, pas plus que ses deux premiers produits – ses qualités évidentes m’ont, malgré tout, conduit à négocier avec l’acheteur une pouliche d’elle de Kantje’s Ronaldo : j’ai ainsi récupéré à 3 ans, en 2006, Peasyronalda La Claie qui m’a paru suffisamment intéressante pour la faire saillir par Casper, avant de la faire exploiter en CSO : elle mourut trois semaines avant le poulinage…
J’avais également cherché la trace en Allemagne de la mère du fabuleux Nabor : j’ai retrouvé Nakone et l’éleveur vendait les seuls propres frère et sœur de Nabor : Noblesse de Florys, véritable perle de 8 mois et Nantano de Florys, 1 an et demi, nous ont ainsi rejoint en France fin 1997.
Après la mort de Noblesse à 3 ans, j’ai demandé à l’éleveur de refaire saillir Nakone par Nantano
et j’ai ainsi pu acheter une autre propre sœur de Nabor, Naborina de Florys. Puis j’ai enfin pu acheter Nakone elle-même, pleine, à ma demande, de Constantin. Enfin, fin 1999, j’ai cassé ma tirelire…ou plutôt emprunté à la banque pour acquérir Bettina, la mère d’Aron, que j’étais allé voir d’un coup d’avion jusqu’à Hambourg dans le Nord de l’Allemagne. Beaucoup plus récemment, en septembre 2007, c’est Queen qui est venue rejoindre le Haras.