Avec les croisements que vous faites, avez-vous déjà eu des hors taille ?
Une seule fois : Sodiak de Florys, un fils de Zodiak* et de Dolie*. Sur le papier, il ne devait pas dépasser étant donné la taille de sa mère : 1,38 m. Seulement, c’est le 2e produit de cette dernière et je n’avais, lors du choix de cet étalon, pas de recul sur sa production. Or il s’avère que toute C qu’elle soit, elle produit d’évidence très grand, comme une poulinière de taille D moyenne.
Hormis cette exception, j’ai plutôt produit des poneys trop petits, tout emprunts de sang cheval qu’ils soient.
Dommage que Syndie Rigaut n'ait pas rencontré un certain Ialoubet plus tôt, non ?
ça, c'est sûr. Remarquez que Ialoubet n'était pas un poney difficile du tout au départ, bien au contraire, et il aurait certainement fait une fort belle carrière à haut niveau avec un cavalier honnête et n'aurait pas eu besoin d'une crack comme Syndie pour y parvenir (mais avec elle, il aurait en effet sans doute encore fait mieux qu'avec un cavalier de GP lambda). Comme tous les entiers, il avait surtout besoin d'être géré normalement et d'avoir un déroulement de carrière harmonieux et de ne pas subir ce qu'il a subi de la part de personnes qui voyaient en lui le nouveau Dexter et qui n'ont pas su le laisser partir quand il n'y avait plus dans l'écurie de cavalier pour le monter...Bon sang, qu’est ce que j'ai appris avec cette affaire...
Y a-t-il une poulinière en France que vous aimeriez avoir chez vous ?
Non. Mes critères d’exigence sont tels qu’en Europe, il n’y en a pas beaucoup qui me séduisent…Il y avait bien entendu Quellye, la mère de Vicky, mais je l’ai louée, en quelque sorte, plusieurs années. Elle m’a donné l’étalon Micky de Florys et la ponette Rosira de Florys (j’aurais aimé avoir une fille d’elle d’un autre étalon, mais Quellye était âgée, était restée vide l’année précédente, donc il fallait choisir simple, en IAF, proche de son propriétaire et peu coûteux). Quand on voyage beaucoup, qu’on a un regard tourné vers l’Europe, on croise forcément des juments intéressantes, mais si j’ai parfois été tentée par l’une d’entre elles, je me suis toujours ravisé au dernier moment, réservé pour telle ou telle raison.
Linaro est-il un bon étalon selon vous ?
Non, pas vraiment, du moins pas à mon sens et pas pour ce que je recherche. C’est pourquoi je ne l’ai utilisé que lors de ses deux premières années de monte et plus jamais ensuite. Regardez sa façon de sauter…Or par définition, on ne transmet pas ce qu’on n’a pas. Il a évidemment déjà apporté énormément à la jumenterie française et nous ne sommes encore qu’au début : c’est déjà un chef de race du livre généalogique du Poney Français de Selle, le plus grand jusqu’à ce jour. Il transmet du modèle, de l’espèce tout en donnant du squelette, une belle locomotion et un bon caractère généralement. Mais presque toujours, il transmet aussi un manque de réactivité des antérieurs à l’obstacle, des genoux lents, et parfois un manque de sang. Les lignes du dessus ne sont pas souvent très bonnes, tout comme la sienne, mais les jarrets de ses rejetons sont souvent bien meilleurs que les siens – sauf chez Melvin Candy par exemple. Bref, j’ai de l’estime pour ce poney qui a été précurseur en France de la vague des étalons étrangers, parce qu’il a lancé l’aventure du Syndicat Linaro à qui il a donné son nom, mais je connais ses limites et on ne peut le comparer à un Kantje’s Ronaldo…